Témoignage : scène banale d'un cheval en souffrance

Publié le par doug-en-mission-speciale

Dans la rue, une charrette était garée sur le côté, dans l’espoir de clients. Le cheval attendait patiemment tandis que son propriétaire était tranquillement assis dans la charrette.

 

Le harnais du cheval cachait mal ses plaies aux yeux désireux de voir un peu plus loin que ces sangles colorées. Frottée toute la journée, irritée par le sable et le sel, sa peau se marque de tatouages sauvages aux couleurs sang.

 

Le cheval remue la tête. Hennit. Puis se tait.

 

Séparé du monde sous ses œillères, il souffre en silence.

 

Son ventre se contracte en mouvements violents et involontaires. La diarrhée le terrasse, venue de cette eau insalubre et salée qu’il doit boire chaque jour. Il baisse la tête, subissant ses assauts, et de la bave mousseuse coule de son museau en de petites taches blanches tombant sur le sol terreux. Il reste silencieux, déplace un peu ses pattes arrières, mais entravé par la charrette, le changement est inconséquent.

 

A l’arrière, le propriétaire se repose, insouciant. Rien ne l’inquiète, ni la maigreur de son cheval, ni son agitation nerveuse.

 

Il réagit soudain quand des touristes s’approchent, désirant aller de l’autre côté de l’île. L’un d’eux monte dans la charrette. Le poids appuie brutalement sur la poitrine du cheval. Il encaisse le coup. Puis le suivant. Et le troisième. Et le dernier. Chaque fois son poitrail reçoit le choc de la pression nouvelle.

 

Le propriétaire prend place, attrape les rênes et claque sa langue, indiquant au cheval qu’il est temps de partir. La charrette se met en branle et cahote sur le chemin aux mille trous sur lequel le propriétaire exhorte son cheval au galop. La charrette se secoue, le cheval tire.

 

Qu’importe la bave qui lui reste sur le museau.

 

 

Sur les îles Gili, cette scène n’a rien d’une exception.


Normalement, un cheval vit 25 ans. Ici, il meurt en 5 ans.

SDC14801

Publié dans Doug au rapport

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